Les origines psychologiques de la procrastination

Avant-propos

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous remettiez au lendemain ce que vous pouviez faire le jour même ?

Bon, on ne va pas faire une thèse sur le jugement de la procrastination mais plutôt voir ensemble de quoi il s’agit réellement.

Petite définition Wiki

« La procrastination (du latin pro « en avant » et crastinus « du lendemain ») est une tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions (qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non). Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate ».

On a tous procrastiné à un moment donné ou à un autre. Le tout est d’en avoir conscience et de faire la différence entre les raisons et les causes.

Une raison est basée sur un fait qui nous empêche de faire. On n’a pas accès à l’information ou on n’a pas les moyens de faire par exemple.

Une cause est basée sur ce qui provoque et produit quelque chose ou un comportement. On ne fait pas car on a peur de se tromper par exemple.

La nuance est mince mais l’identifier objectivement permet de savoir si on peut traiter ou pas le problème.

Dans leur livre, Jane Burka et Lenora Yuen nous expliquent les causes profondes et sous-jacentes de la procrastination.

Car si en apparence on peut toujours trouver des bonnes excuses, ce qui se cache derrière nous renvoient à des pensées limitantes inconscientes.

Donc contrairement aux apparences la procrastination n’est pas de la paresse, une absence de discipline ou la résultante d’une personnalité sans caractère.

Malgré tout, il est possible de transformer une procrastination passive en procrastination active dite intelligente.

Les symptômes de la procrastination

Dans tous ces cas de figure, la procrastination interviendra pour faire barrage d’une manière ou d’une autre. La plupart du temps elle sera inconsciente. Voici quelques points qui déclenchent la procrastination.

La perfection

Tout ce que je fais doit être parfait sinon ce n’est pas la peine de le faire. Le perfectionnisme peut être un frein au passage à l’action. Cela concerne directement les personnes qui ont une appréhension de ne pas bien faire. Un blocage se met en place dans leur esprit et les empêche de se lancer.

Facilité

Ça doit être facile et sans effort sinon ça ne vaut pas le coup. La peur d’être déçu et de ne pas avoir de récompense malgré les efforts produits entraine une réaction de blocage. La facilité doit être maximale pour éviter le sentiment de déception.

Pas de risque

Il vaut mieux ne rien faire plutôt que de prendre le risque d’échouer. La peur de l’échec est d’un des symptômes les plus répandu. Ça relève d’un sentiment intérieur mais également du regard des autres. On préfère ne rien faire plutôt que d’être montré du doigt. C’est la fameuse phrase « Je te l’avais dit » que l’on ne veut pas entendre.

Pas de limitations

Je ne dois pas être limité dans mes actions. Dans ce cas la procrastination s’interpose lorsque l’on sent que l’on risque de rencontrer un certain nombre de freins. Que l’on n’aura pas toute la latitude nécessaire pour agir.

Tout ou rien

Si je n’ai pas la capacité de bien le faire autant ne rien faire. C’est la volonté d’être certain à 100% que l’on réussira et que notre engagement pourra être total.

Pas de défis

Le défi ne sert à rien. Certaines personnes n’éprouvent pas le besoin de se réaliser en se donnant un défi. Si c’est un des paramètres incontournables elles ne le feront pas par peur de ne pas être à la hauteur. Elles préfèrent avancer à leur rythme.

Réussite

SI je réussis, ça va blesser quelqu’un d’autre. La peur d’écraser les autres pour y arriver est un sentiment plus répandu qu’il n’y parait et cet état d’esprit est plus que louable. C’est une question de Mindset car il y a de multiples façons d’y arriver sans pour autant être nuisible aux autres.

Régularité

Si je fais du bon travail je serai obligé de m’y tenir. Être constant dans ce que l’on fait implique une certaine discipline qui peut là aussi créer un blocage. D’ailleurs la procrastination est l’ennemie jurée de la régularité qui impose un rythme.

Perte de contrôle

Si je dois suivre les règles de quelqu’un d’autre je risque de perdre le contrôle. La peur de ne pas tout maitriser représente un frein chez beaucoup de gens et bien plus qu’il n’y parait.

Le besoin de tout contrôler crée une situation anxiogène si ce n’est pas le cas. Les personnes avec ce profil peuvent devenir excessivement stressées lorsqu’elles ont l’impression de ne pas tout maitriser. Et leur comportement déteint sur le contexte et les autres.

L’engagement

SI je me lance dans un projet je ne pourrai pas laisser tomber. Je serai tenu par ce projet. S’engager sur la durée surtout sans visibilité est insupportable pour les personnes qui ont besoin de tout baliser. Le fait d’être lié avec des enjeux à la clé peut créer un sentiment d’inconfort et de panique.

L’engagement implique la responsabilité. A la limite lorsque l’on est seul à assumer c’est beaucoup plus simple.

En revanche lorsque ce que l’on fait a un impact sur d’autres personnes le niveau de responsabilité que l’on a vis-à-vis d’eux est beaucoup plus élevé. Ça augmente le niveau de stress et les enjeux deviennent plus importants.

Se montrer

Si je me montre les gens risquent de ne pas m’apprécier. La peur d’être jugé et critiqué pour son apparence est vieille comme le monde. Au-delà de la timidité, nombreuses sont les personnes qui ont même du mal à se voir en vidéo ou à s’exprimer en public.

Il n’est pas rare de voir des personnes qui ont une très bonne capacité à s’exprimer en cercle restreint mais qui ont du mal à monter sur une estrade devant un public. Et ce même si elles maitrisent leur sujet.

La réponse existe

Pas besoin de donner la réponse puisqu’elle existe déjà. C’est un peu le principe du « Ça existe déjà » donc ce n’est pas la peine de le proposer.

Les spécialistes du « Personnal Branding » connaissent bien cette cause de procrastination. Les gens ont souvent du mal à imaginer qu’on fera appel à eux, pour eux.

Or, on fera appel à eux pour ce qu’ils représentent et le feeling qu’ils déclenchent auprès de leur audience. Là aussi, c’est une pensée limitante qui provoque la procrastination.

Les peurs de la procrastination

Les peurs sont les éléments déclencheurs de la procrastination. Elles englobent les symptômes.

Peur de l’échec

On a envie de réaliser un projet mais notre peur de l’échec nous paralyse. Déjà évoqué plus haut en relation avec la prise de risque, la peur de l’échec chapote un peu toute les autres.

C’est souvent dû à un ancrage psychologique issu de notre éducation ou manque de formation et absence de connaissance voire de compétences.

On peut aussi facilement dire que c’est dû à la culture. Si dans certains pays l’échec est vécu comme une expérience ou un test dans d’autres s’est perçu comme quelque chose d’irrévocable.

Vous avez échoué donc vous êtes définitivement grillé. Si on est dans cette deuxième configuration il faut considérer que c’est une croyance limitante inconsciente, inculquée depuis notre plus jeune âge par l’environnement familial ou l’école.

Peur du succès

C’est la peur de ne pas pouvoir assumer les responsabilités et les engagements liés au succès. C’est également la peur de ne pas maitriser les côtés néfastes du succès.

On peut être tenté de l’associer à la peur de l’échec mais elle est encore plus insidieuse car elle nous renvoie à la culpabilité. Encore une fois, le succès n’est pas toujours perçu comme étant positif notamment dans le monde de l’entreprise.

A l’inverse, dans des secteurs comme le milieu artistique ou sportif c’est considéré comme inspirant. C’est l’aspect émotionnel de ces métiers qui doit en être la raison.

Peur de perdre son autonomie

C’est la peur de perdre le contrôle de son autonomie en devant rendre des comptes ou respecter des règles qui nous enlèvent toute latitude d’action ou qui déclenchent des confrontations que l’on n’a pas envie d’affronter. On a peur que notre projet nous échappe et d’y perdre son âme.

Peur de la séparation

C’est la peur de se retrouver seul et de ne plus pouvoir prendre de décision pour avancer. On préfère ne rien dire plutôt que de décevoir et d’être abandonné. Ce type de procrastination concerne les profils qui ont besoin de l’aide des autres. Ils ont besoin d’être encadré et rassuré.

A l’inverse, la procrastination se manifestera en maintenant une distance avec l’attente des autres pour se préserver.

Mauvaise relation au temps

C’est être en décalage temporel avec une situation comme faire référence au passé au lieu de vivre l’instant présent.

C’est une manière de fuir la réalité pour ne pas l’affronter et la traiter. Comme tous les types de procrastination c’est une posture de défense. Il vaut mieux bloquer une situation pour qu’elle n’ait pas lieu justement plutôt que de la subir.

Différence entre raison et cause

Faire la différence entre les raisons et les causes de la procrastination permet de savoir si elle est quelque part subie ou potentiellement justifiée.

Pourquoi ce chapitre ?

Je m’explique. Ce chapitre concerne plus la perception que certaines personnes peuvent avoir de la procrastination et justement de bien faire la différence entre les deux.

Vous allez me dire qu’à partir du moment ou on tourne en rond par manque de moyen financier ou d’un équipement ce n’est pas de la procrastination. Et je vous répondrai que vous avez complètement raison.

Mais voilà, je voulais juste préciser le propos pour éviter toute confusion. Il ne suffit pas de constater pourquoi on ne fait rien ou que quelqu’un ne fait rien mais d’en connaitre les tenants et les aboutissants.

Une procrastination engendrée par une raison s’appuie sur un fait qui nous empêche de réaliser quelque chose. Si vous avez besoin d’une machine pour réaliser une tâche et que vous ne l’avez pas par manque de moyen c’est une procrastination subie.

Si vous avez besoin d’informations auxquelles vous n’avez pas accès, là aussi, vous ne pourrez pas avancer.

L’idée n’est pas de trouver des excuses mais d’identifier la réelle procrastination. Celle sur laquelle on a une réelle marge de manœuvre.

Alors qu’une cause relève plus d’un blocage psychologique inconscient comme on vient de le voir avant. Ils sont d’ailleurs souvent liés à des pensées ou des croyances limitantes issues de notre éducation ou de notre environnement.

La procrastination intelligente

Comme on vient de le voir la procrastination c’est faire des choses qui n’ont aucun rapport avec ce qui doit être fait.

Alors comment en profiter pour la transformer en quelque chose de positif ? Tout simplement en se consacrant à des tâches périphériques à celle qui doit être réalisée.

  • Réaliser toutes les tâches périphériques
  • Eliminer les tâches une à une
  • Se rapprocher de l’objectif
  • Visualiser le résultat
  • Augmenter sa motivation
  • Faire baisser la pression

De cette manière, vous avancez quand même en préparant mieux ce que vous devez faire. Psychologiquement vous vous conditionnez en vous rapprochant de la tâche à faire.

SI vous devez réparer quelque chose chez vous et que vous trainez les pieds et n’arrivez pas à commencer, préparez vos outils par exemple. Préparez votre zone de travail. Listez ce que vous devrez faire étape par étape.

N’oubliez pas que la procrastination peut être causée par une multitude de petites tâches à faire qui polluent vos pensées et vous ne savez pas par où débuter.

En prenant plus de temps pour préparer votre travail vous faites baisser le niveau de pression et de blocage. Le fait de s’organiser va faire diminuer votre stress et vous donner plus de visibilité.

La visualisation de l’objectif va apparaitre de plus en plus clairement dans votre esprit. Votre niveau de motivation va augmenter.

La motivation est directement liée à la visualisation du résultat. En imaginant le travail fini vous augmentez votre niveau de satisfaction car en se projetant on sait où on va et on se rassure. On se met dans une disposition beaucoup plus sereine.

La procrastination étant souvent issue de peurs et de pensées limitantes, elle génère du stress qui engendre une perte d’énergie et de concentration. Il est donc important de faire baisser son niveau de stress.

D’où l’idée de quand même avancer en se libérant l’esprit de toutes ces petites tâches au fur et à mesure.

Si nécessaire et possible, il peut être judicieux de repousser la date limite initialement prévue pour se donner plus de temps.

En résumé

Un procrastinateur n’est pas quelqu’un qui ne fait rien. C’est juste qu’il fait des tâches qui n’ont rien à voir avec celles qui doivent être faites.

Il a du mal à se concentrer sur l’objectif prévu pour toutes les raisons déjà évoquées. Le principe de la procrastination intelligente consiste à rester productif et efficient en se rapprochant de l’objectif final.

Il s’agit de traiter des tâches qui restent malgré tout utiles pour enfin se consacrer à ce qu’il faut mettre en œuvre. Cela passe par l’organisation, du rangement, du classement, se documenter en complétant ses connaissances éventuellement.

Une des peurs pour faire quelque chose est souvent liée à un manque de compétences. On ne sait pas comment attaquer le problème et le résoudre.

L’acquisition de prérequis est donc incontournable.

Et comme le disait Abraham Lincoln, « Si j’avais 6 heures pour abattre un arbre, je passerai les 4 premières à affûter ma hache ».

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Je suis Luc Levasseur. Depuis 20 ans dans la formation et dans le e-learning depuis 2013. A travers ce blog je vous explique comment je suis passé de formateur présentiel à formateur en ligne

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