Comment construire une séquence pédagogique pour organiser ses parcours de formation ?
Différence entre séance et séquence
Avant de construire une séquence pédagogique il est nécessaire de distinguer deux termes.
Une séquence pédagogique est un enchainement d’activités pédagogiques sous forme de séances pour atteindre un objectif.
La séance est une période d’enseignement dont la durée est généralement de 55 minutes.
La séquence est un ensemble de séances articulées entre-elles dans le temps et organisées autour d’une ou plusieurs activités en vue d’atteindre un ou plusieurs objectifs.
La construction d’une séquence pédagogique consiste donc à mettre en œuvre plusieurs séances (leçons) et objectifs en fonction des besoins.
- Définir les objectifs pédagogiques
- Préparer le plan de formation
- Définir les méthodes et moyens
- Préparer les supports pédagogiques (outils, matériels)
Processus
Pour construire son processus il y a une méthode empirique sur laquelle on peut s’appuyer. La Taxonomie de Bloom.
- Comment utiliser la Taxonomie de Bloom pour les objectifs ?
- Quelques exemples de séquences pédagogiques
On va parcourir les différentes étapes pour construire une séquence pédagogique en utilisant la Taxonomie de Bloom en sachant que le nombre de processus n’est pas limité.
En effet, la manière dont un formateur construit sa séquence va dépendre de plusieurs critères.
- La durée
- La typologie des apprenants
- Le niveau des apprenants
- Le ou les objectifs pédagogiques
- Les méthodes
- Le contexte
Je précise que dans le chapitre concernant la « Taxonomie de Bloom », je n’aborderai ici que l’utilisation des verbes par niveau dans le domaine cognitif pour définir un objectif pédagogique.
Je n’aborderai pas les domaines affectifs et psychomoteurs.
Comment utiliser la Taxonomie de Bloom ?
La pyramide a connu une révision en 2001
1956 2001
C’est un modèle de la pédagogie qui propose une classification des niveaux d’acquisition notamment pour définir des objectifs pédagogiques.
Même si Benjamin Bloom, n’est pas le seul créateur de ce modèle, il reste celui qui est reconnu comme étant le père de cet outil.
Taxonomie de Bloom – Les niveaux
J’utiliserai donc la version révisée de la pyramide pour définir les objectifs pédagogiques.
Chaque niveau utilise des verbes d’action qui correspondent à des objectifs à atteindre.
Exemple :
Se rappeler d’une information est un objectif.
Appliquer une connaissance est un autre objectif.
Le premier objectif sollicitera la mémoire.
Le deuxième objectif sollicitera un savoir-faire (appliquer des connaissances). On sera plus sur la notion de compétences.
La liste des verbes par niveau est plus importante. Je ne donne que quelques exemples.
Se rappeler
A ce stade l’apprenant est capable de se souvenir de ce qu’il a appris.
- Associer
- Identifier
- Nommer,
- Décrire
- Définir
- Enumérer
- Mémoriser
Comprendre
A ce stade, le stagiaire est capable de comprendre ce qu’il a appris.
- Démontrer
- Différencier
- Exprimer
- Expliquer
- Interpréter
- Reformuler
Appliquer
Sur ce niveau, le stagiaire est capable de mettre en pratique ce qu’il a appris. Il peut appliquer les connaissances acquises avec sa propre méthode.
- Appliquer
- Déterminer
- Construire
- Etablir
- Calculer
- Traiter
Analyser
A ce stade, l’apprenant est en capacité de décortiquer une information et ou une connaissance.
- Organiser
- Distinguer
- Comparer
- Faire le choix
Evaluer
Le stagiaire est capable d’émettre un jugement et de faire une critique positive ou négative sur un sujet donné.
- Justifier
- Défendre
- Juger
- Argumenter
- Critiquer
- Evaluer
Créer
L’apprenant est capable de réutiliser l’information en la présentant différemment.
- Adapter
- Construire
- Ecrire
- Structurer
- Exposer
- Synthétiser
- Préparer
Construire un objectif pédagogique avec la Taxonomie de Bloom
Un objectif pédagogique c’est ce que l’on cherche à atteindre par l’intermédiaire d’une action de formation.
Pour définir un objectif on utilise des verbes qui vont entrainer des actions demandées aux apprenants.
Il doit être annoncé avant de commencer la formation. C’est très important car c’est à ce moment-là que le formateur donne le cap et la destination.
Il peut y avoir des questions posées par les stagiaires et ça permet au formateur de lever le doute sur certaines interrogations que pourraient avoir les apprenants.
Mais attention, le formateur doit faire en sorte que le QR (question/réponse) ne dépasse pas le temps qu’il avait prévu.
Il doit garder en tête le timing global à tenir.
Pour comprendre comment définir un objectif nous pouvons nous appuyer sur la Taxonomie de Bloom.
Les étapes d’une formation
En règle générale, lorsque l’on part de zéro on commence par apprendre les bases avec une partie théorique et une partie pratique si c’est le cas.
En définissant les objectifs pédagogiques le formateur va donc utiliser plusieurs niveaux d’objectifs.
Pour la partie théorique il va utiliser le niveau « Se rappeler » avec les verbes d’action correspondant.
Pour la partie pratique il va reprendre les verbes d’action du niveau « Appliquer ».
Exemple : formation sur un moteur de véhicule
Partie théorique – Objectif pédagogique – Se rappeler
Savoir nommer et associer les différentes parties d’un moteur.
- Associer
- Identifier
- Nommer,
- Décrire
- Définir
- Enumérer
- Mémoriser
Partie pratique – Objectif pédagogique – Appliquer
Être capable d’assembler les pièces d’un moteur.
- Appliquer
- Déterminer
- Construire
- Etablir
- Calculer
- Traiter
Préparation du plan de formation (programme)
Une fois le ou les objectifs de la formation déterminés on va pouvoir construire le plan, c’est-à-dire le programme en restant calé sur les objectifs.
Les objectifs donnent l’axe sur lequel on va aborder un sujet car ce dernier peut être présenté sous différents angles.
C’est pour cette raison que l’on commence toujours par les objectifs à atteindre à l’issue d’une formation avant de commencer à faire un programme.
Principe de structure d’un cours
On peut partir du général pour présenter le sujet et le contexte et rentrer de plus en plus dans le détail au fur et à mesure des cours.
Si les cours sont indépendants les uns des autres mais qu’ils participent à l’objectif final, vous pouvez les considérer comme des chapitres à part entière.
Exemple de programme 1 :
Avec ce format il n’y a qu’une évaluation finale.
Cours 1 – Présentation du thème dans les grandes lignes
Cours 2 – Partie théorique
Cours 3 – Partie pratique 1
Cours 4 – Partie pratique 2
Evaluation finale
Exemple de programme 2 :
Avec ce format il y a une évaluation après chaque chapitre et une évaluation finale.
Cours 1 – Présentation du thème dans les grandes lignes
Exercice
Cours 2 – Partie théorique
Exercice
Cours 3 – Partie pratique 1
Exercice
Cours 4 – Partie pratique 2
Exercice
Evaluation finale
Choisir les méthodes et moyens à utiliser pour la session de formation
Le choix des méthodes est conditionné par le sujet, l’objectif et la durée de la formation.
Un sujet théorique à présenter sur une durée courte d’une journée sera forcément général.
On utilisera plus une méthode expositive et en complément une méthode interrogative sur une durée maitrisée.
Avec un sujet pratique on utilisera des études de cas et des exercices applicatifs. La méthode active.
Les moyens à utiliser seront aussi déterminés en fonction de la matière.
Pour une formation en informatique le cours théorique et pratique se feront en salle de formation équipée d’ordinateur.
Pour une formation en mécanique la partie théorique pourra se faire en salle de formation alors que la partie pratique sera dans un atelier.
Préparation des supports pédagogiques (outils, matériels)
Le formateur devra préparer ses supports selon le type de formation.
Pour les formations théoriques il peut utiliser un Powerpoint, un tableau ou faire ses présentations directement en atelier pour des formations qui vont impliquer beaucoup de pratique.
Le tout étant que les stagiaires puissent prendre des notes même s’il prévoit de distribuer des manuels stagiaire à l’issue de chaque cours.
- PC
- Powerpoint
- Vidéoprojecteur
- Tableau
- Matière première
- Objet
- Outils
- Salle de formation
- Atelier
Construire une séquence pédagogique
C’est le sujet qui va déterminer le processus de construction d’une séquence pédagogique.
Exemple, pour une formation en poterie, le formateur va commencer par présenter les bases techniques, les matières, les outils et comment utiliser le tout.
Il peut faire une évaluation théorique pour consolider la mémorisation des informations chez les stagiaires.
A lui de choisir si l’évaluation est notée ou pas. C’est un choix pédagogique sauf si la formation doit aboutir à un examen basé sur un référentiel qui aboutit à l’obtention d’un diplôme.
Ensuite, il y aura un cours pratique sous forme d’atelier pour appliquer ce qui a été vu en théorie.
Et enfin, une évaluation qui peut consister à créer un objet.
C’est une structure simple mais qui permet d’éviter de partir dans tous les sens et de perdre l’attention et la motivation des stagiaires.
Chaque cours qu’il soit théorique ou pratique se fera selon un plan de formation (programme) précis.
Exemple sur trois jours de formation
Objectif pédagogique :
Savoir créer un objet de la conception à la cuisson.
Les séances :
Chaque cours ou atelier est une séance. Le formateur doit prévoir des pauses sur chaque demie journée.
Jour 1
Jour 2
Jour 3
Définir le temps de chaque séance (cours, exercice, évaluation)
Que ce soit un cours ou un exercice, le formateur doit définir une durée pour chaque séance.
Jour 1
Cours théorique – Les techniques 1h30
Cours théorique – Les matériaux 1h30
Cours théorique – Les outils 2h30
Evaluation 1h30
Jour 2
Atelier – Création d’objets avec un tour 7h00
Jour 3
Cours théorique – La cuisson 1h30
Atelier cuisson des objets en poterie 1h30
Evaluation – Créer un objet et le cuire 4h00
Vous l’aurez compris, le formateur doit construire ses séquences en fonction de sa thématique et des objectifs qu’il a déterminé au départ.
En résumé
Une séquence pédagogique structure la démarche pédagogique.
Le fait de l’écrire va mettre en évidence sa cohérence et ses équilibres ou déséquilibres comme pour un programme de formation.
Le formateur doit garder à l’esprit le niveau d’attention et de concentration des apprenants pour construire ses programmes et ses séquences.