Les quatre processus d’apprentissage de l’incompétent au compétent

Tout d’abord, il est nécessaire de faire la différence entre enseignement et apprentissage. Puis entre information et connaissance.

Différence entre enseignement et apprentissage

L’enseignement englobe l’apprentissage. Il consiste à déclencher des apprentissages.

L’enseignement doit être structuré, planifié et aboutir à une évaluation. Il peut être axé sur l’apprentissage ou sur la notion de performance tangible.

Quant à l’apprentissage, il consiste à avoir une activité intellectuelle qui permet l’acquisition de savoirs (connaissances) qui une fois pratiqués et appliqués se transformeront en compétences.

Différence entre information et connaissance

L’information

Il s’agit de données qui sont présentées de manière brut. Cela peut être sous forme d’image, de chiffres, de lettres ou de schémas.

Vous les visualisez ou les entendez sans explication précises. Ce sont des faits relatés et présentés.

Prenons l’exemple de la météo. Lorsque l’on regarde la météo que ce soit à la télévision ou qu’on l’entende à la radio on aura une information sur le temps qu’il fera aujourd’hui, demain et les autres jours selon les tendances délivrées.

Est-ce pour autant que vous serez capable d’expliquer les phénomènes météorologiques ? Bien sûr que non.

Vous ne saurez ni les expliquer et n’en connaitrez pas l’origine. Peu importe puisque ce qui vous intéresse, c’est juste de connaitre le temps qu’il fera à un instant T.

Une information n’est donc pas reproductible par celui qui l’entend.

La connaissance

La connaissance c’est la compréhension de l’information avec une capacité d’analyse qui implique un raisonnement qui va prendre en compte les paramètres autour de l’information.

Reprenons l’exemple de la météo. Si vous savez interpréter des données météo comme la vitesse du vent, les changements de température, d’humidité, de pression et de dépression atmosphériques par exemple.

Vous aurez des connaissances qui vous permettront d’analyser le comportement climatique d’une zone géographique donnée par exemple. Cela impliquera la capacité de collecter et de relever ces informations au moyen d’outils ou de matériels spécifiques.

Ensuite vous aurez les capacités techniques et intellectuelles pour interpréter ces données qui expliqueront les conditions météo.

Une connaissance est reproductible par celui qui l’apprend.

Les quatre processus d’apprentissage

Selon les travaux des thérapeutes Virginia Satir, Miton Erickson et Fritz Perls, l’apprentissage est un processus qui permet l’acquisition de nouvelles compétences à travers plusieurs niveaux.

  • Dans un premier temps, l’apprenant sera au stade de l’incompétent inconscient.
  • Dans un deuxième temps, il sera au stade de l’incompétent conscient.
  • Au troisième stade, il sera le compétent conscient.
  • Et enfin, au quatrième stade, il sera le compétent inconscient.

 

L’incompétent inconscient

A cette étape, la personne ne sait pas qu’elle ne sait pas. Ce qu’elle réalise n’est pas d’un niveau brillant mais elle pense que c’est le cas car elle ne se rend pas compte de son incompétence.

Elle réalise une ou plusieurs tâches par habitudes sans se poser la question sur la qualité de ce qu’elle fait.

Exemple : elle croit qu’elle sait conduire sans avoir passé le permis de conduire mais ce n’est pas le cas. C’est le niveau de l’information.

Le tout n’étant pas de critiquer cette façon de penser mais de l’analyser pour mieux comprendre pourquoi certaines personnes ont un comportement qui s’apparente à de l’assurance.

Alors qu’elles ne se rendent pas compte que ce qu’elles disent ou font ne repose sur rien ou tout du moins sur des éléments qui ne sont pas tangibles. C’est-à-dire mesurables.

Les raisons qui affichent ce comportement sont multiples. Des tâches ou des dires sont répétés même s’ils sont faux. Ou tout simplement parce qu’ils n’ont été mis à jour.

Les tâches et dires à une certaine époques pouvait être vrai mais ne le sont plus actuellement et sont toujours pratiqués par habitude.

Comme par le passé il a été démontré que cela fonctionnait, il est considéré que c’est toujours valable aujourd’hui.

Le pire étant le fameux « vu à la télé » ou dans les médias de manière générale sans vérifier les sources.

Car après tout ce qui est dit dans les médias l’est par des gens qui à priori maitrisent le sujet.

Et pourquoi pas. Sauf que les propos concernent certainement un contexte particulier et une situation particulière.

Bref, vous l’aurez compris, l’incompétent inconscient ne sait pas qu’il ne sait pas.

L’incompétent conscient

A ce stade, l’incompétent inconscient a pris conscience qu’il ne sait pas. Ce qui est une évolution majeure dans le processus car il va enfin pouvoir avancer dans un réel apprentissage.

Exemple : l’incompétent conscient décide de passer le permis de conduire. C’est le niveau de la connaissance

Il aura un autre regard et fera la différence entre le fait d’être confronté à de l’information sans pour autant que cela soit de la connaissance.

Il a conscience de son réel niveau et de la performance relative qui en découle. Il prend conscience de l’écart entre ses résultats et ses attentes.

L’incompétent conscient sait ce qu’il doit faire pour obtenir les résultats qu’il souhaite. Il fait un état des lieux réaliste de ses propres capacités et compétences.

Il va pouvoir préparer sa progression en recherchant une formation qui va pouvoir le faire évoluer et acquérir les connaissances dont il a besoin pour aller plus loin.

Le compétent conscient

A ce stade, le compétent conscient a progressé en apprenant et surtout en appliquant ce qu’il a appris.

Exemple : le compétent conscient conduit de mieux en mieux. C’est le niveau de la progression.

Ces résultats sont plus que probants et mettent en évidence son évolution.

Il réalise de mieux en mieux les tâches avec une meilleure qualité. Il prend conscience qu’il a non seulement acquis des connaissances mais qu’il les a transformé en compétences.

Le compétent conscient sait qu’il sait.

Le compétent inconscient

A ce stade, la personne a acquis des automatismes qui lui permettent de réaliser d’autres tâches en même temps.

Exemple : elle conduit en faisant autre chose, comme écouter la musique tout en restant concentré sur la route sans se demander quelles tâches il faut réaliser pour passer une vitesse ou rétrograder en freinant ou pas.

C’est le niveau de la compétence. La personne ne se demande plus si elle sait puisqu’elle sait.

En résumé

Comment passer du stade de l’incompétent inconscient au compétent inconscient ?

Il suffit tout simplement de faire un réel état des lieux et de se poser la question sur le pourquoi et le comment.

Pourquoi on le fait ainsi et si c’est vraiment ce qu’il faut faire. Comment on le fait et si c’est la bonne méthode pour le faire.

Les différentes phases de l’apprentissage suivent une progression précise, allant de l’inconscience de l’incompétence à la maîtrise inconsciente de la compétence.

Dans un premier temps, l’apprenant est incompétent inconscient, ignorant de ses lacunes et répétant sans réfléchir des tâches qu’il croit maîtriser. Il lui manque la prise de conscience de son ignorance, étape nécessaire pour commencer à apprendre.

Vient ensuite le stade de l’incompétent conscient, où l’apprenant réalise qu’il ne sait pas et entreprend de combler ses lacunes. C’est un moment crucial où il distingue l’information de la connaissance et s’engage dans un processus d’apprentissage actif.

Le stade du compétent conscient survient lorsque l’apprenant a suffisamment progressé pour mettre en pratique ce qu’il a appris. Il devient capable d’exécuter les tâches de manière autonome et d’excellente qualité, transformant ainsi ses connaissances en compétences.

Enfin, la maîtrise inconsciente de la compétence est atteinte au stade du compétent inconscient. L’apprenant peut effectuer les tâches de manière automatique, sans même y penser, ce qui lui permet de se concentrer sur d’autres activités en même temps.

En somme, l’apprentissage est un processus graduel qui requiert de passer par chacune de ces étapes pour arriver à la maîtrise inconsciente de la compétence. En connaissant ces étapes, l’apprenant peut mieux comprendre où il en est dans son propre processus d’apprentissage et comment il peut continuer à progresser.

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Je suis Luc Levasseur. Depuis 20 ans dans la formation et dans le e-learning depuis 2013. A travers ce blog je vous explique comment je suis passé de formateur présentiel à formateur en ligne

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13 réflexions sur « Les quatre processus d’apprentissage de l’incompétent au compétent »

  1. Merci beaucoup pour cette synthèse des étapes du processus d’apprentissage! J’aimerais en savoir plus sur la notion de « performance tangible » que je ne connais pas du tout!
    Petit étonnement de ma part : cela m’a surpris que vous basiez votre définition de l’apprentissage sur les travaux de thérapeutes et non sur ceux des spécialistes de l’apprentissage/du développement (je pense par exemple à la notion de « Zone de développement proximale » chez Vygotski, les travaux de Piaget, Bruner, et ceux, plus récents, des chercheurs en Didactique et Sciences de l’éducation). Pourquoi ce choix?
    Merci en tous cas pour votre éclairage!

    1. La performance tangible c’est tout simplement l’évaluation qui est forcément mesurable (notation). Car il est difficile de parler de performance si elle n’est pas évaluée. En sachant que ce n’est pas une obligation non plus. Tout dépend de l’objectif de la démarche.

      Concernant les thérapeutes, j’en fais référence car ils ont travaillé sur la PNL (programmation neuro-linguistique) dont est issue ce concept des 4 processus.

      Cela dit, je ne m’interdis pas de puiser dans d’autres travaux réalisés par des spécialistes de la pédagogie, thèmes que j’aborde largement sur mon blog.

      Le principe du blog étant de synthétiser et vulgariser des sujets qui peuvent parfois être complexes.

      Merci pour ta participation Laura

    1. Très bon article sur Linkedin. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité écrire sur ce sujet.
      Si les concernés peuvent prendre réellement conscience de leur niveau ça les aidera peut être à savoir quel chemin parcourir pour se positionner sur la bonne étape en fonction de leur perception.

      Merci Charles

  2. Merci pour cet article qui me fait inévitablement penser à la façon dont l’enseignement est proposé en France. Et le fait que la motivation à apprendre joue un rôle majeur dans l’apprentissage et surtout dans la montée en compétence. 😉

    1. Effectivement, si l’on ne sait pas à quelle niveau on est c’est difficile de se projeter vers où on doit aller. Ce qui a un impact sur la motivation qui a besoin de projection pour être active.

      Merci Yseult

  3. Oui et 4 fois oui!!!
    Ce processus est tellement nécessaire pour vivre une auto évaluation pendant tout processus d’apprentissage.
    Un apprentissage basé sur la confiance en soi, factuelle et sans aucun jugement négatif porté sur soi même. Regarder comme un état de fait les choses et célébrer le passage de chaque step.
    Merci!

    1. Tout à fait, la démarche consiste à savoir s’autoévaluer pour mieux s’améliorer en prenant conscience de l’étape dans laquelle on se trouve. Quant on sait où on en est et ou on doit aller ça permet de mieux visualiser l’objectif et ainsi d’être plus motivé. Ce qui donne de la confiance en soi.

      Merci Emmanuel

  4. Typiquement PNL! C ‘est en effet une des premières choses que l’on apprend dans le cursus PNListes ! Très bon article, bien écris et très compréhensible. Merci pour ce rappel 🙂 Il permet de relativiser et de se rappeler que tout n’est que processus !

  5. Dans cet article, vous attribuez ce modèle des 4 phases d’apprentissage à trois auteurs issus du courant de la PNL.

    Ce modèle ne vient pas d’eux ; comme très souvent dans ce courant, ils ont « pompé » un modèle pour le faire entrer dans leur pseudo-science.

    Le modèle se nommait au départ “les 4 étapes avant d’apprendre une compétence” et a été créé par Martin M. Broadwell. Il a ensuite été développé sous le terme « les 4 phases d’apprentissage » par Noel Burch en 1970.

    1. Bonjour Jimmy,

      Tout à fait, merci pour le rappel.

      Le concept reste quand même intéressant même s’il est abordé par d’autres personnes. C’est souvent le cas lorsque l’on aborde des concepts. Ma démarche consiste à en présenter le principe.

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