L’affirmation de soi passe par l’expression de son point de vue et de ses attentes tout en respectant l’opinion de l’autre.
On parle donc bien de formalisation verbale et non verbale. C’est-à-dire de communication. Mais au-delà d’une simple communication interpersonnelle, quand on parle de rhétorique il s’agit bien d’aller plus loin dans la manière de s’exprimer.
Un discours rhétorique doit être persuasif. C’est l’objectif. Parvenir à ses fins par la parole.
La rhétorique c’est l’art de bien parler. Pour faire un discours rhétorique il peut y avoir deux approches et plus précisément deux registres de discours.
Le registre polémique et le registre didactique
Le registre polémique
Le mot polémique nous vient du grec « Polemos » qui signifie combat, guerre.
Avec ce type de registre l’objectif est de faire valoir son point de vue et de défendre sa vision des choses ou d’un sujet avec vigueur et pugnacité.
Ce type de discours s’appuie donc sur des valeurs et des principes qui déterminent une perception par l’orateur.
S’il s’appuie sur des données empiriques, c’est-à-dire validées par la pratique, on pourra considérer qu’il est objectif. Sinon il développera un discours subjectif qui correspond à sa propre interprétation des données.
S’affirmer avec cette approche suppose que l’on maitrise le sujet avec des éléments tangibles (mesurables).
Cela dépend également de l’interlocuteur en face de soi. S’il a du répondant ou pas.
SI vous empruntez la voie de la polémique vous devrez avoir des connaissances et des compétences sur le sujet mais surtout avoir la capacité à faire la démonstration de ce que vous avancez.
Car il ne suffit pas de posséder des savoirs mais faut-il être capable de les présenter de manière claire et intelligible.
Le discours polémique implique :
- La maitrise du sujet
- La capacité à l’exprimer oralement (communication verbale et non verbale)
- Une forte capacité d’écoute
- Une bonne capacité d’analyse
- Une maitrise du schéma de communication
- Une aptitude à répliquer
Vous pourrez être convaincant mais cela ne veut pas dire que les autres seront d’accord avec vous.
Car pour un même fait, les interprétations et perceptions peuvent être différentes.
Tout le monde n’a pas le même biais de confirmation et cadre de référence.
Pour rappel, le biais de confirmation, c’est ce que l’on veut entendre. Si ce que l’on entend nous convient on y souscrira encore plus, à l’inverse si ce que l’on entend ne nous convient pas on le rejettera.
Le biais de confirmation se construit au fil des années en fonction de notre cadre de référence qui est constitué de notre éducation, de notre formation, de nos expériences et de notre culture.
Mais le propre de l’affirmation de soi reste bien le fait de s’exprimer et faire justement valoir son positionnement sur un sujet.
Il est donc normal de ne pas convaincre systématiquement. Si c’est le cas vous ressentirez quand même la satisfaction de vous être exprimé.
Vous conforterez ainsi votre confiance en vous et votre estime personnelle.
Le registre didactique
Le mot didactique nous vient du grec didaktikos, qui vise à instruire.
L’objectif avec cette approche est de présenter un sujet avec des explications claires. Le discours doit être structuré et développer une idée de manière logique ou du moins compréhensible.
Pour un sujet concret ça sera plus facile d’être logique.
Pour un sujet plus abstrait ça sera plus compliqué de le rendre compréhensible. D’où l’utilisation d’images et de méaphores.
Le registre didactique est plus adapté et utilisé pour transmettre un savoir ou une connaissance.
L’orateur s’appuie sur des arguments factuels à un auditoire qui est là pour apprendre. Il n’y a pas de polémique même s’il peut y avoir des questions posées.
Le discours dialectique est utilisé fréquemment par les formateurs, les enseignants et les conférenciers. L’orateur est le sachant. Son discours n’est pas remis en cause.
Le discours didactique implique :
- La maitrise du sujet
- La capacité à s’exprimer oralement (communication verbale et non verbale)
- Une maitrise du schéma de communication
- Une compétence pédagogique
- Une capacité d’écoute pour répondre aux questions
L’art de la rhétorique
C’est l’art de maitrise la prise de parole. C’est la capacité à captiver son auditoire avec des idées et des arguments qui vont le satisfaire soit parce qu’il aura le sentiment d’avoir appris quelque chose soit parce que son biais de confirmation aura été conforté.
Lors d’une conférence ou d’une formation par exemple, certaines personnes y assisteront pour en connaitre plus sur le sujet et d’autres pour découvrir le sujet.
Dans le premier cas, elles ont déjà certaines connaissances et veulent les compléter. Dans le deuxième cas elles souhaitent juste apprendre des choses sur le sujet.
Cela signifie que l’orateur doit convaincre deux catégories de public. Cela veut dire qu’il doit maitriser aussi bien le fond que la forme de son discours.
Origines de la rhétorique
C’est Cicéron (Marcus Tullius Cicero – 106-43 avant J. -C. Orateur, philosophe et homme d’état romain) qui à travers plusieurs ouvrages sur la rhétorique l’a formalisé selon cinq préceptes.
- l’inventio
- la dispositio
- l’elocutio
- l’actio
- la memoria
Les 5 préceptes de la rhétorique
Pour avoir une bonne rhétorique il y a cinq préceptes à respecter. Ils sont tous complémentaires et indissociables.
L’inventio (L’invention)
C’est la capacité de développer des idées et des arguments en fonction d’un public.
Mais pour développer des idées et des arguments il est nécessaire d’avoir à sa disposition une base de données importante dans son esprit. C’est la culture générale ou la connaissance du sujet sur lequel on s’appuie pour faire sa présentation.
La dispositio (L’organisation)
C’est la capacité à organiser ses idées pour structurer un discours. Il ne suffit pas d’avoir une bonne élocution et beaucoup de vocabulaire pour avoir une bonne rhétorique. Il faut avoir du fond et qu’il soit présenté de manière cohérente. Comme partir du général pour aller au plus précis.
L’elocutio (Le style)
Le style se caractérise par la capacité à utiliser des métaphores, des termes et des tournures de phrases compréhensibles par son auditoire.
La métaphore étant l’utilisation d’une image ou d’un exemple concret pour expliquer quelque chose de relativement abstrait. Ce n’est pas une comparaison. C’est utiliser une représentation que tout le monde comprendra pour expliquer quelque chose de complexe à comprendre.
Le registre verbal peut donc être différent en fonction du public présent.
L’actio (L’action)
C’est l’action oratoire en synchronisant sa communication verbale et non verbale. C’est donner vie à son discours.
L’action oratoire implique :
- L’intonation de la voix
- Le volume de la voix
- La gestuelle
- Le placement
L’actio doit maintenir en haleine l’auditoire. L’orateur doit faire preuve de conviction pour capter l’attention du public. Sans ces quatre points, le discours sera plat et les arguments avancés ne convaincront personne.
Le discours sera fade et l’orateur risque de perdre l’attention de son auditoire.
L’actio, c’est la forme. Elle ne s’oppose pas au fond mais le sert. Mais ne vous trompez pas. Sans forme le fond s’effondre.
La memoria (La mémorisation)
Un orateur qui fait un discours sans notes sera d’autant plus respecté et reconnu. Cela signifie qu’il maitrise parfaitement son sujet.
Intellectuellement il démontre qu’il est à la hauteur. Il conforte ainsi son autorité. Son auditoire lui fera plus confiance et le trouvera plus convaincant.
Un bon orateur aura une bonne mémorisation parce qu’il a travaillé son sujet sur le bout des doigts. Il a répété et répété son discours maintes fois et l’a pratiqué de nombreuses fois face à un public.
Qu’est-ce qu’un bon orateur ?
Un bon orateur n’est pas seulement quelqu’un qui sait bien parler mais qui a du fond pour développer des arguments.
Le langage est la résultante de la pensée qui s’appuie elle-même sur des informations et des connaissances. C’est ce qui permet de développer des arguments logiques ou cohérents.
Comment devenir un bon orateur ?
On devient un bon orateur par la pratique, la pratique et la pratique. C’est un exercice qui se travaille même si certaines personnes ont plus de facilités que d’autres.
Les personnes qui s’expriment facilement ne seront pas forcément de bons orateurs si leur discours n’est pas structuré avec du fond.
Développer des idées avec des arguments se travaille et se pratique.
En résumé
La maitrise des cinq aptitudes de la rhétorique permet de s’affirmer sans aucun doute que ce soit en comité restreint ou en prise de parole en public.
Ces qualités nous renvoient à la maitrise des méthodes pédagogiques actuelles qui ne sont autres que les héritières de la conception oratoire de Cicéron.
En s’appuyant sur ces préceptes on peut tout à fait utiliser les méthodes et techniques développées par la suite comme l’utilisation des questions ouvertes et fermées par exemple.