Avant-propos
Avez-vous envie de donner un sens à votre vie ?
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous n’étiez pas satisfait et heureux dans ce que vous faisiez ?
Ces questions nous renvoient à la pyramide des besoins de Maslow ou au concept japonais de l’Ikigai.
Quelle démarche entreprendre pour trouver sa voie par étape ou par démarche globale ?
Nous allons voir ensemble les deux approches.
Deux démarches complètement différentes
La pyramide de Maslow propose une évolution des besoins étape par étape des besoins fondamentaux jusqu’aux besoins d’épanouissement en fin de vie selon un schéma issu des trente glorieuses.
Alors que l’Ikigai propose d’atteindre son propre développement personnel par un style de vie basé sur la recherche de l’épanouissement permanent.
Deux modèles qui s’opposent. Cela ne veut pas dire qu’un modèle est meilleur que l’autre mais ce sont deux démarches complètement différentes.
A la différence que celui de la pyramide de Maslow a été construit à une période qui était favorable à ce concept. Aujourd’hui, l’évolution de la société et des différents modèles économiques le rend obsolète.
Quant au concept de l’Ikigai, il est beaucoup plus intemporel et s’adapte à toute forme de société tant sur le plan économique que sociétal.
Voyons ensemble à quoi correspondent ces deux formes d’épanouissement.
Le principe de la pyramide
Pour atteindre l’accomplissement avec la pyramide de Maslow il faut franchir les étapes les unes après les autres. Chaque étape ne peut être atteinte si la précédente ne l’a pas été.
Pour Abraham Maslow les différents besoins sont directement reliés à un niveau de motivation qui ne peut subvenir qu’après que chaque niveau soit accompli.
Pour lui, la motivation est déclenchée par des besoins assouvis dans un ordre précis qui répondent à des préoccupations successives. Quelque part ce n’est pas faux, tout du moins pour les deux premiers.
Voyons en détail à quoi ces besoins correspondent.
Les besoins physiologiques
Ils sont les besoins fondamentaux pour survivre comme se nourrir pour faire fonctionner l’organisme, boire pour hydrater son corps, dormir pour gérer son énergie et se reproduire pour avoir une descendance.
- Manger
- Boire
- Dormir
- Se reproduire
Les besoins de sécurité
Les besoins de sécurité sont de deux ordres. La sécurité physique pour être à l’abri des menaces. La sécurité mentale pour supprimer nos peurs liées à nos craintes individuelles.
- Se loger
- Avoir un emploi
- Stabilité familiale
- Sécurité physique
- Sécurité mentale
- Se soigner
Cela passe par avoir un toit, c’est à dire un logement pour vivre avec sa famille et se sentir en sécurité. Ensuite il est nécessaire d’avoir une activité avec des revenus. Quand Maslow parle d’emploi, le principe s’étend à tout type d’activité à partir du moment où elle nous permet de gagner notre vie pour subvenir à nos besoins. La sécurité c’est aussi pouvoir se soigner pour rester en bonne santé.
Pour Maslow, la sécurité est un fondement de sa pyramide et pour cause.
Les besoins d’appartenance
Selon Maslow, chaque individu a besoin d’appartenir à un groupe social qu’il soit familial ou constitué d’amis. Par déclinaison le besoin d’appartenance peut s’appliquer également à un environnement professionnel.
Si les relations développées entre collègues de travail entrainent des relations extraprofessionnelles pour pratiquer certaines activités de loisirs par exemple.
Dans sa hiérarchisation des besoins, qui rappelons-le, est issue de motivations successives, le besoin d’appartenance ne peut être ressenti par un individu qu’après avoir déjà répondu aux deux premiers. Encore une fois, ce n’est pas faux pour certaines personnes et dans certaines sociétés.
Les besoins d’estime
A ce stade, Maslow traduit l’estime de soi par la reconnaissance des autres à travers une réussite (professionnelle) et la confiance que l’on a de soi. En d’autres termes pour lui l’estime de soi vient par l’extérieur et l’image qu’ont les autres de nous. On est reconnu par notre entourage pour notre statut social.
Les besoins d’accomplissement
Le dernier étage de la pyramide concerne l’accomplissement personnel et la recherche du bonheur. Même si dans sa théorie Maslow ne précise pas de durée pour atteindre chaque besoin on peut raisonnablement l’interpréter comme étant un aboutissement plutôt proche de la fin de sa vie que l’inverse.
Le principe de l’Ikigai
A la base, l’ikigaï est une philosophie de vie japonaise. L’idée consiste à trouver un sens à notre vie à travers une vie harmonieuse et équilibrée. Il s’agit d’avoir une raison de se lever le matin et d’être heureux. C’est la raison d’être et de la joie de vivre. Cet art de vie intègre aussi une bonne alimentation et de pratiquer des activités physiques pour être en bonne santé.
Le concept tel qu’on le connait aujourd’hui en occident a été conçu par Mark Winn, blogueur de son état qui a créé le blog The View Inside Me.
Sa démarche a consisté à utiliser le diagramme de Venn pour construire son interprétation de l’Ikigai autour de la passion, la mission, la vocation et la profession.
Si Mark Winn a repris la philosophie générale du concept originel avec l’idée du bien-être et du bonheur il n’est pas difficile de reconnaitre que son approche est complètement différente. Il s’agit bien d’une interprétation occidentale.
Cela dit, je trouve son schéma et son approche pertinents et après tout pourquoi pas. C’est donc sur son diagramme que je m’appuierai pour la démonstration.
Avec cette approche, la démarche est globale même s’il y aura forcément des étapes à franchir car tout ne se fera pas du jour au lendemain.
En revanche, avec l’Ikigai il n’y a pas de besoin prioritaire au détriment d’un autre. Tout est lié. Cela ne signifie pas que c’est facile, bien au contraire, la tâche est d’autant plus rude.
Néanmoins, rien que le fait de partir à la recherche e son Ikigai c’est déjà donner du sens à sa quête. Il se construira au fur et à mesure et sera évolutif dans le temps.
Un peu comme 4 curseurs qu’il est nécessaire d’ajuster en continu.
Le schéma est constitué de quatre cercles qui déterminent quatre grands objectifs pour atteindre son Ikigai à l’intersection centrale.
Faire ce que l’on aime
Lorsque l’on s’engage sur le chemin de la découverte de son Ikigai, une des premières choses à faire est de lister toutes les activités qui nous plaisent. Qu’elles soient d’ordre personnel ou professionnel.
Ce dont le monde a besoin
Parmi les activités qui nous plaisent lesquelles seraient susceptibles de répondre à une problématique pour un grand nombre de personnes. Sur le plan économique cela correspond au marché potentiel d’une ou plusieurs de vos activités. Elles doivent apporter de la valeur aux utilisateurs.
Ce pourquoi on est doué
Dans ce cercle on parle de talent c’est-à-dire les compétences ou aptitudes dans lesquelles on excelle. On les pratique avec aisance. Ça sera d’autant plus facile par la suite dans la mise en place de l’activité.
Ce pourquoi on est payé
Si une activité qui vous plait répond à un besoin en apportant de la valeur ajoutée, l’utilisateur sera prêt à payer pour ce service ou produit.
A l’intersection des cercles on retrouvera :
L’idéal étant de trouver sa mission de vie pour vivre de sa passion. Ce qui implique de proposer quelque chose pour lequel on a des compétences en apportant de la valeur aux autres et qu’ils seront prêts à payer.
Je ne veux pas avoir l’air de me répéter mais vous l’avez compris, entre la théorie et la pratique il y a de la marge.
C’est pour cette raison qu’il faut le voir comme une démarche globale sur le moyen et long terme. La bonne nouvelle c’est que c’est possible.
La mission
La mission de vie c’est ce pourquoi on est fait. C’est notre raison d’être. C’est se réaliser en exprimant nos talents pour ce qui nous passionne. La mission est à l’intersection entre ce que l’on aime faire et ce dont le monde a besoin.
La mission c’est ce qui donne du sens à notre vie.
La passion
Au-delà de ce que l’on aime faire, la passion est ce qui nous fait vibrer. C’est ce qui nous donne envie de nous lever le matin. Elle est à l’intersection entre ce que l’on aime faire et ce pourquoi on est doué.
La vocation
C’est ce que l’on souhaite faire. Ce n’est pas pour autant ce pourquoi on est fait. Derrière ce terme il y a l’idée d’abnégation. C’est le rôle que l’on souhaite occuper pour se mettre au service de…
Elle se situe à l’intersection entre ce dont le monde a besoin et ce pourquoi on est payé.
La profession
C’est ce qui deviendra notre métier à travers notre activité. On exprimera ses compétences et on sera payé en retour.
Elle se situe à l’intersection de ce pourquoi vous êtes doué et ce pourquoi vous êtes payé.
Les changements de paradigme
Petite définition (Wiki)
« Un paradigme est — en épistémologie et dans les sciences humaines et sociales – une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent du monde qui repose sur un fondement défini (matrice disciplinaire, modèle théorique, courant de pensée)».
Le modèle de Maslow est toujours utilisé dans les concepts de ressources humaines et de management et pourtant il a déjà fait l’objet d’un certain nombre de critique quant à sa validité sur un plan universel.
Ce qui lui est reproché est l’absence d’études empiriques, c’est-à-dire des études scientifiques qui auraient démontré la pertinence de son concept notamment sur l’ensemble des continents avec des cultures et des us et coutumes différents. Alors que Maslow s’est contenté de faire son étude sur un échantillon très restreint de personnes de son entourage.
De plus la hiérarchisation peut être complètement différente d’un individu à un autre. Certaines personnes ont besoin de s’accomplir personnellement avant ‘appartenir à un groupe. Avec cet exemple la pyramide de Maslow voit son ordre hiérarchique des besoins redistribué.
Avec les changements de modèles économiques et l’apparition des nouveaux métiers notamment à travers les activités liées au numérique les besoins d’accomplissement ne se situent pas forcément en haut de la pyramide.
Evidemment les deux premiers besoins élémentaires de Maslow restent incontournables.
Cependant, le besoin de se réaliser des nouvelles générations conjugue le développement de l’estime de soi et de l’appartenance à une tribu. Le changement des mentalités privilégie la quête de sens. C’est ce que l’on appelle le « Why ». Les gens veulent savoir pourquoi ils font ce qu’ils font.
Les bouleversements économiques et sociétaux imposent une adaptabilité souvent peu compatible avec un chemin tout tracé étape par étape. Les gens se demandent de plus en plus pourquoi il faudrait attendre la fin de sa vie pour s’accomplir.
Or pour donner du sens à sa vie il faut être en accord avec soi même et aligné sur ces propres valeurs. C’est l’estime de soi. Il ne peut y avoir d’accomplissement de soi et d’épanouissement sans confiance en soi. Le constat est simple. Le besoin d’accomplissement qui devient une priorité implique obligatoirement plusieurs démarches pour y parvenir.
En général, on se rapproche des personnes qui ont les mêmes objectifs pour partager ses expériences et recevoir celles des autres. Là aussi, on voit bien que le besoin d’appartenance de Maslow fusionne avec le besoin d’estime et d’accomplissement.
Comment faire son choix ?
Il n’y a pas de bon ou mauvais choix. Il y a deux manières de gérer sa vie avec un ordre de priorité différent. Excepté pour les besoins physiologiques et de sécurité. Encore que ce deuxième point mériterait d’être plus détaillé en sachant que lui aussi, pour certaines personnes, fusionnerait avec le besoin d’accomplissement.
Choix 1 – Pyramide de Maslow
Vous avez fait le choix de vivre votre vie selon le concept de Maslow en franchissant chaque étape pour vous réaliser. C’est-à-dire à la fin de votre vie.
Avec cette orientation vous cocherez les cases « Profession » et peut être « Vocation ».
La proportion de gens qui cocheront les cases « Passion » et « Mission » sera très faible et c’est normal puisque ce n’est pas l’objectif initial de la démarche.
Choix 2 – Ikigai
Vous partez à la recherche de votre mission de vie pour vivre de votre passion. Ça peut prendre du temps mais votre état d’esprit est complètement différent puisque vous êtes dans une démarche de développement personnel.
Votre but est de cocher très rapidement les cases « Mission », « Passion », « Vocation » et « Profession ».
Tout ce que vous entreprendrez devra avoir du sens. Même si vous occupez un travail alimentaire en attendant ça s’inscrira dans votre projet. Du coup, vous ne le vivrez pas de la même manière que si vous n’aviez pas d’objectif. Et ça change tout.
Vous pourrez préparer votre projet pour vous former, vous documenter et valider sa faisabilité. Tant sur la valeur que vous apporterez que sur le potentiel économique.
Choix 1 ou 2 ?
C’est donc en fonction de vos attentes et de vos objectifs de vie que vous ferez votre choix.
Avec le schéma de Maslow beaucoup de personnes font le choix d’avoir un boulot qui ne les passionne pas particulièrement et préfèrent s’épanouir dans des activités extraprofessionnelles.
Avec le schéma de l’Ikigai, les besoins de Maslow sont fusionnés. Plusieurs objectifs motivent votre démarche. Votre accomplissement repose sur votre activité même. Ce qui n’empêche pas d’avoir d’autres passions à côté.
En résumé
En réalité on connait tous le modèle de Maslow pour l’avoir pratiqué sauf ceux qui arrivent sur le marché du travail. Ça reste aujourd’hui le schéma le plus courant car il a été conçu à l’époque sur la représentation de la société qui perdure encore. Etant entendu que l’on ne fait pas toujours ce que l’on veut mais ce que l’on peut on est bien contraint d’intégrer un courant général.
Il n’en reste pas moins que l’on sent bien une vague de fond qui va redessiner ce modèle ou plutôt proposer de plus en plus de modèles de fonctionnement alternatifs.
A l’heure où l’on parle de plus en plus de télétravail, de relocalisation et de circuits courts, il n’est pas difficile d’imaginer d’autres formes de modèles économiques dans de nombreux secteurs.
Il n’est plus rare de voir des trentenaires changer de travail pour donner plus de sens à leur vie. Je ne parle même pas des quadras et des quinquas qui commencent à inonder la toile avec leurs projets d’entreprise.
Si l’on entend de plus en plus parler du principe de l’Ikigai ce n’est pas anodin. L’économie classique étant en mutation globale on voit bien se dessiner d’autres approches avec l’idée de donner du sens à sa vie aussi bien personnelle que professionnelle.