Le voyage qui a changé ma vie : L’Inde à moto

Cet article : “L’Inde à moto” participe à l’événement inter-blogueurs “ le voyage qui a changé ma vie ” du blog d’une famille expatriée au Québec : Stalimapics  » J’apprécie beaucoup ce blog et en fait mon article préféré est L’aventure de l’expatriation : sur les routes de l’Amérique du Nord

Pourquoi l’Inde ?

Comme beaucoup de personnes j’avais fait des voyages en Europe, en Afrique du Nord et un aux Etats-Unis.

Tous ces voyages m’ont beaucoup apporté et ça m’a permis de découvrir d’autres cultures, d’autres architectures, d’autres modes de pensées en rencontrant des gens formidables.

Mais en termes de changement d’environnement j’avais vraiment envie de découvrir un pays et une culture complètement différente.

De vraiment me retrouver en terre inconnue avec une perte totale de repère.

En 2007, j’ai commencé à me renseigner sur les pays un peu atypiques en Amérique du Sud et en Asie. Puis je suis tombé sur l’Inde à travers un blog de voyageurs à moto.

De plus ils étaient photographes et leur blog relatait leur voyage avec des images magnifiques et complètement décalées.

2 Roues Sinon Rien

Et là ça a été la révélation.

(Je précise qu’après ce premier voyage j’en ai fait deux autres et que dans cet article j’ai utilisé des photos de mes trois séjours).

Faut dire qu’à l’époque j’avais deux motos. Une Triumph Bonneville (le modèle de Steve Mc Queen) et une BMW R60, un bourrin qui peut vous amener partout.


Donc pour moi, la conduite en deux roues n’était pas un problème. Par contre impossible d’aller en Inde à moto.

Enfin si mais c’est compliqué et ça prend du temps. Le plus simple est de louer une moto sur place.

Ce qu’il faut savoir c’est qu’en Inde la moto historique est la Royal Enfield laissée par les anglais à l’indépendance.

Cette moto est une véritable Jeep. Pas rapide mais avec un couple qui vous fait franchir des obstacles incroyables.

Pourquoi la moto comme moyen de transport ?

A travers ce blog, j’avais trouvé la destination et le mode de transport. Cela dit, les vidéos que je regardais sur l’Inde étaient quand même impressionnantes par la multitude de véhicules qui s’entrecroisaient de manière anarchique.

Mais bon, à partir du moment où eux l’avaient fait je me suis rapidement décidé. Mon voyage se fera à moto.

Pour plusieurs raisons. La sensation de liberté mais surtout l’autonomie de mouvement et la proximité que cela crée avec la population locale.

Car pour un voyage de trois semaines en Inde il faut éviter de prendre le bus ou le train.

Les délais d’attentes et de voyages sont trop importants pour une durée aussi courte. A la limite, il vaut mieux louer une voiture et avec un chauffeur si vous avez peur de conduire là-bas.

Du coup ça tombait bien, car la Royal Enfield est complètement adaptée au rythme de conduite indien et au routes indiennes.

Le circuit – 2000 km – 2009

Bangalore – Kochi – Allepey – Calicut – Kannur – Mysore

Enfield Way on Kerala – Road Movie Musical

 

En Inde, le temps de trajet ne se calcul pas en fonction du nombre de km mais en durée sur une journée.

On peut tout à fait passer 4 heures ou 8 heures à voyager sur une même distance mais avec un état de route différent.

Pour l’anecdote, il m’est arrivé de faire 10 km en 1h30 sur une route complètement défoncée et à l’inverse de faire 150 km pour le même temps. Les cartes n’indiquent pas l’état des routes secondaires.

Alors pourquoi, ce roadbook ? Tout simplement parce qu’il est préférable de commencer par le sud pour un premier voyage et notamment le Kerala.

En effet, l’Inde est un choc culturel et émotionnel et c’est d’autant plus fort dans les grandes villes et dans le nord.

Autant commencer par une région plus friendly qu’est le Kerala. J’ai suivi les conseils d’un adepte de ce pays puisqu’il y vivait 5 mois par an.

Comme vous l’aurez remarqué, le pays est immense et il est aussi préférable de se concentrer sur une région en fonction de la durée de votre séjour.

Plus ce dernier est court, plus la zone doit être réduite.

On voit bien sur cette carte la différence de taille entre la France et l’Inde.

 

Sortir de sa zone de confort

Pour sortir de sa zone de confort, il n’y a pas mieux que l’Inde. J’ai quelques années auparavant fait un voyage d’un mois, seul avec un sac à dos au Etats-Unis mais j’avais des repères qui correspondaient à nos sociétés occidentales. L’organisation des villes, des transports, etc…

Mais en Inde, tous ces repères disparaissent. Quand on parle de zone de confort on fait référence à des repères physiques, matériels et culturels qui ont un impact psychologique sur notre perception des choses.

En ce sens et en termes de voyages, l’Inde est une très bonne expérience pour sortir de sa zone de confort.

A la découverte de soi même

Aller en Inde c’est un voyage initiatique. Le développement de l’être. C’est l’école de la persévérance, de la patience, de l’humilité et du lâcher prise. Surtout en voyageant à moto.

La perte totale de repères met à rude épreuve toutes vos émotions, vos modes de raisonnements et les attentes qui en découlent.

A partir de là, il y a deux solutions.

Soit, vous restez sur vos positions habituelles et là je vous garantie un grand nombre de déconvenues. Voire un gros pétage de plomb.

Soit, vous acceptez de revoir votre grille de lecture et mode de perception pour vous adapter à ce nouvel environnement.

Et là aussi, je vous garantie que la deuxième solution est la meilleure. Cette affirmation n’est pas de l’arrogance mais du vécu.

Vous n’avez pas le choix. Où alors prenez tout de suite votre vol retour.

C’est d’ailleurs ce que font beaucoup de gens et j’allais dire, tant pis pour eux. Ils ne sauront jamais ce à côté de quoi ils sont passés. C’est-à-dire d’eux-mêmes.

Je dis ça mais en même temps je dois avouer que le premier jour on prend quand même une claque et quand j’ai récupéré la moto pour me lancer dans la circulation je ne la ramenais pas.

Car dans ce pays vous puisez dans des ressources mentales que vous ne soupçonniez même pas.

En Inde, pour un premier voyage, ce sentiment est quotidien. Chaque jour vous vous découvrez à adopter un comportement qui pour vous occidental n’est pas vraiment intuitif.

C’est à ce moment que tout devient plus facile et que vous commencez à apprécier tous les instants présents comme étant des expériences extraordinaires.

Vous êtes hors du temps (celui que l’on connait).

Vos sens se mettent en éveil, vous ne faites qu’un avec l’ambiance, vous sentez tous les parfums, vous voyez tous les sourires des passants qui vous saluent, surpris et heureux de voir un occidental sur leur moto nationale et qui ose affronter leur circulation.

Vous vous glissez dans cette circulation qui vous a semblé chaotique le premier jour en adoptant le principe du banc de poisson.

Vous l’aurez compris en Inde il faut changer son Mindset et faire un gros mais alors très gros lâcher prise !

 

Patience

On sait qu’en voyage individuel il y a forcément des imprévus et ça fait partie du jeu. On l’accepte.  En Inde c’est d’autant plus puissant. Rien ne se passe comme prévu.

On dit souvent que les indiens sont fatalistes mais en fait c’est tout simplement parce qu’ils vivent les événements comme ils viennent et ne cherchent pas constamment à vouloir tout maitriser. D’où leur zénitude à toute épreuve.

Contrairement aux apparences, ils ne subissent pas forcément les événements mais s’y adaptent sans les aborder de manière frontale.

J’ai donc décidé d’adopter leur comportement pour être sur leur même canal de communication et de fonctionnement.

Persévérance

Quand les événements ne se passent pas comme on le veut à un moment donné il faut bien avancer comme pour trouver un hébergement chaque soir.

Pour ça il faut accepter de changer ses plans en permanence et de prendre des décisions rapides et se contenter de ce qui se présentera.

Humilité

Se donner l’objectif de faire 200 km dans une journée semble raisonnable mais parfois l’état des routes ou le climat en décide autrement.

Il faut accepter la situation et revoir sa copie rapidement pour ne pas avoir le sentiment de frustration de ne pas avoir atteint l’objectif.

Il faut prendre les choses avec philosophie. Si l’objectif n’est pas atteignable ce n’est pas grave.

De toute façon dans ce genre de situation vous n’avez pas toutes les cartes en main. Il faut accepter le fait de ne pas tout contrôler.

Lâcher prise

A tous les niveaux, le lâcher prise est une constante qu’il faut impérativement intégrer. Surtout pour un voyage de ce type.

Comme l’idée n’était pas de rester dans les grandes villes il fallait s’attendre à rencontrer plus de difficultés pour trouver un hébergement, pour se restaurer et point important, faire le plein.

L’avantage en Inde c’est qu’il y a des stations d’essence quasiment tous les 25 km. Il ne faut pas oublier que la majorité de la population roule en deux roues.

Pour dormir et se restaurer, le choix est donc plus restreint. Dans les deux cas on est plongé dans l’Inde authentique. Il faut s’attendre à ne pas choisir la qualité de l’hébergement et de manger dans les streets food qui sont nombreux.

En termes d’hygiène il faut évidemment mettre de côté ses préjugés et nos critères culturels. Il faut s’attendre à manger vraiment local.

En termes de confort il faut savoir se satisfaire du niveau de l’hébergement trouvé. Ce qui n’empêche pas de se faire plaisir avec un très bon hôtel quand c’est possible.

Dans tous les cas il faut mentalement se conditionner pour accepter les choses comme elles se présenteront.

Le changement de vision sur le monde

Avant ce voyage, j’avais déjà découvert l’Asie, le Vietnam, en voyage organisé et j’avais adoré ce pays et les gens. Là aussi j’avais constaté leur approche comportementale complètement différente de la nôtre.

Mais l’Inde c’est vraiment du concentré à tous les niveaux.

Cependant au-delà du voyage en lui-même j’ai constaté plusieurs choses. Tout d’abord, je me suis toujours senti en sécurité en respectant les règles de bases.

En Inde, on a le sentiment que tout est possible. Je ne dis pas que c’est une réalité mais c’est l’impression que l’on a. A chaque problème ils trouvent une solution.

Sans s’énerver. Dans ce pays qui peut parfois nous paraitre chaotique sur bien des points et franchement c’est le cas. Ça fonctionne. On se demande comment mais ça fonctionne.

Il faut savoir que Bangalore est la silicon valley de l’Asie. C’est surtout leur état d’esprit de facilitateur qui m’a frappé.

Dès que vous demandez quelque chose en vous disant que cela ne va pas être possible, et bien avec eux ça l’est.

Pour la petite histoire, j’ai eu plusieurs pannes avec la moto et me suis dit bon là le séjour est terminé. Et à chaque fois un indien est apparu et a réparé la moto en 5 minutes.

Pour la première panne mon sauveur a même réglé les vis platinées avec un ongle. En France vous appelez la dépanneuse si elle est disponible.

Je ne parle même pas de leur gentillesse et de leur empathie, on ne peut pas lutter avec eux.

On a vraiment l’impression que rien n’est compliqué et pourtant quand on regarde objectivement certaines situations ça l’est.

C’est leur approche mentale et le rapport à autrui qui est complètement différent de la nôtre. Ils ne se posent pas de questions, ils font seulement pour vous faire plaisir.

J’ai conscience que vivre là-bas doit mettre en évidence tous les travers du pays mais dans cet article je vous relate mon expérience.

Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu des moments difficiles et de découragement mais à chaque fois tout s’est résolu naturellement.

Et tout ça grâce aux gens. Évidemment, il y a des règles liées à leur culture qu’il est nécessaire de respecter. Comme dans tous les pays.

Mais globalement que ce soit au niveau de l’accueil, de la disponibilité et surtout de l’écoute vous vous demandez ce qu’ils attendent en retour. Rien. Ils fonctionnent comme ça car c’est dans leur culture et leur nature.

Chez nous on parle de développement personnel, chez eux c’est naturel. Je dois reconnaitre que le retour a été un peu difficile.

A Roissy, quand j’ai voulu payer mon café, et que le serveur m’a dit sur un ton agressif, « c’est pour quoi ! ». Le voyage était bel et bien terminé. Retour à la réalité.

C’est donc à travers ce voyage dans ce pays avec une culture forte que ma vision des choses a complètement changé même si paradoxalement j’avais déjà eu ce sentiment lors de mon voyage aux Etats-Unis.

Pays culturellement à l’opposé de l’Inde, j’avais trouvé les américains particulièrement décontractés, disponibles et avenants. Là aussi, je parle de mon expérience.

En résumé

Mis à part le fait que ce voyages m’a permis de découvrir un pays fantastique, des paysages à couper le souffle avec des gens fabuleux et une culture incroyable, j’ai beaucoup appris sur moi même certainement par le mode de transport qui a développé mon estime et ma confiance en soi.

The Inde

 

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Je suis Luc Levasseur. Depuis 20 ans dans la formation et dans le e-learning depuis 2013. A travers ce blog je vous explique comment je suis passé de formateur présentiel à formateur en ligne

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8 réflexions sur « Le voyage qui a changé ma vie : L’Inde à moto »

  1. Roadtrip en Inde en moto, qu’est-ce que cela doit être cool! Quelle expérience et quels beaux paysages. C’est un enrichissement inoui. Je ne suis jamais allé en Inde mais quand je vivais en Angleterre j’ai cotoyé beaucoup d’Indiens, ils m’ont d’ailleurs invité plusieurs fois à leur Diwali, la fête de la lumière et j’adore leur mentalité. Accueillant, zen, calme et vraiment très philosophe dans leur attitude. Leurs enfants étaient parmi les meilleurs étudiants de ma classe toujours !

    1. Bonjour Lara,

      C’est un pays magnifique et les indiens sont très accueillants. Si tu as l’occasion d’y aller n’hésites pas surtout si tu as des contacts. J’ai aussi eu des indiens en formation c’est vrai qu’ils sont hypers sympas et réceptifs.

      Merci pour ton commentaire.

  2. C’est sûr que pour partir à l’aventure et à la découverte de soi même je penses qu’il n’y a pas plus dépaysant que l’Inde.
    Moi en tout cas j’ai absolument adoré et c’est aussi là bas qu’à été le voyage qui à changé ma vie.
    Merci d’avoir partagé ton aventure avec nous Luc, j’ai adoré la lire !

    1. Bonjour Aulane,

      Si tu y est allé alors tu comprends ce que j’ai dit dans l’article quant à leur état d’esprit. Je pense qu’il y a ceux qui aime et ceux qui ne se font pas à l’inde. Il n’y a pas de juste milieu.

      Et je comprends que ça ait pu également changer ta vie. Ce pays ne laisse pas indifférent.

      Merci pour ton commentaire.

  3. Hello. Ce voyage a du être incroyable. Je pense que la claque culturelle dont tu parles dans ton article est encore très loin de ce que tu as pu ressentir sur place. Je pense qu’on doit se croire sur une autre planète, surtout que le lacher prise, n’est pas une compétence apprise et acquise à l’école en Europe…😅
    Tu m’as fait voyagé! Merci d’avoir participé à l’événement inter-blogueurs.
    Une seule question me vient à l’esprit, si on en met de côté le contexte actuel : tu repars quand ? 😁
    Bonne route.

    1. Bonjour Steve,

      Je te confirme que le voyage en Inde est vraiment une super expérience. En terme de dépaysement difficile de trouver mieux surtout à moto.

      Je suis ravi que l’article t’ait plu et d’avoir participer à ton événement inter-blogueurs.Faut dire que le sujet est inspirant.

      Vu la situation je n’ai pas encore d’idée précise pour mon prochain voyage mais ça ne saurait tarder. Je l’espère.

      Merci pour ton commentaire.

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